Blanche comme Neige

– Oh, belle-maman, une si belle robe pour moi ?
– Oui mon enfant, faite par mes propres doigts
– Ça par exemple ! Vous êtes une vraie fée »

La reine, penchée à sa fenêtre
Regarde ses sujets s’affairer
Pour l'anniversaire de Blanche-Neige
Tout doit être fin prêt

On dirait qu'elle a pardonné
Tous les affronts de sa beauté
Elle songe à la gâter, maintenant
En tant que belle-maman

Les bonnes gens, pareils à des nains de conte
S'activent et s'abîment, et tout ça dans l'ombre
La robe de rêve, cadeau d'la reine
Doit avant tout être une merveille

Le travail est dur mais peu importe les pertes
Les mains d’œuvre sont communes et se remplacent
De temps à autre, ce sont des perles
Mais la plupart d'entre elles se cassent

Pressons, Blanche-Neige sera d'retour
Avant d'avoir fini l'travail
Cette reine a un cœur de vautour
Caché dans le poitrail

Pressons, Blanche-Neige va arriver
Là, sa belle-mère prend tout en mains
Et elle fouette sans daigner regarder
Dans les yeux des gamins

Rémunération à coups de fouet
Ils n'avaient qu'à accélérer le rythme
Le vautour n'a qu'une cruauté
C'est de manger les proies faciles

Sujets du roi, trouvez-vous ça cruel
De se faire fouetter par et pour la belle
Les ouvriers tombent en silence
La reine a détruit tant d'enfances

– Oh, belle-maman, une si belle robe pour moi ?
– Oui mon enfant, faite par mes propres doigts
– Ça par exemple ! Vous êtes une vraie fée »

Tu parles, une fée ça ne fait pas travailler

Princesse Blanche-Neige a le teint pâle d'ignorance
La reine s'en sort Blanche comme Neige quand on y pense

Mais le fin mot de la véritable histoire a une différence
C'est que les ouvriers sont des enfants malgré les apparences
Qui fabriquent nos conforts, loin, noirs de crasse et qui ont manqué de chance