Rafler la miss

[Refrain :]
Des craquements, des grincements
Depuis petite, ça me fascine
J’entends qui va vers la cuisine
Je sais qui monte ou bien descend
Les craquements habillent mes nuits
Quand Morphée ne m'offre aucun répit

Je fais des insomnies
A dix ans et demi
Bientôt onze ans, déjà
J'vais rattraper papa

J'adore me fier aux sons
J'écoute la pluie en fond
Mais mon bruit préféré
Celui des escaliers

Leur mélodie m'aide la nuit
Elle m'aide à me transporter
Dans leur vie si bien remplie
Où leur rôle est d'nous porter
Au sommet, vers l'infini
Plus haut, jusqu'aux arc-en-ciels

Les craquements, les grincements
Depuis petite, ils me fascinent
Je sais qui va vers la cuisine
J'entends qui monte ou bien descend
Les craqu'ments m'accompagnent les nuits
Où Morphée s'penche pas sur mon lit

Un pas doux, sans accroche
C'est maman qui approche
Elle prend son verre de lait
Part sans nous réveiller

Et, quelques minutes après
Un pas lourd fait son entrée
Oui, papa est maladroit
Oui, mais on lui en veut pas
Puis j'entends les pas d'mon frère
Qui l'suit pour faire comme son père

Ça résonne tous ces craquements
Depuis petite, tous ils s'obstinent
J’entends qui va vers la cuisine
Qu'ils soient silencieux ou bruyants
Les craqu'ments envahissent mes nuits
Depuis qu'Morphée n'm'a plus écrit

Tiens cette nuit ils sont lents
Papa à remonter
P'tit frère à le suivre sage'ment
Qu'est ce qui a pu les freiner ?

En hâte mon chien descend
Ses pas, fins d'ordinaire,
Sont là lourds et pesants
Puis leur écho se perd

Aucun d'eux n'est remonté

Les craquements, les grincements
Tous m'occupent quand je ne dors pas
J'sais qui descend et n'remonte pas
Rien qu'en l'absence des craquements
Plus rien ne résonne, là, en bas
J'n'entends aucun son, aucun pas

Soudain j'entends un bruit
Un son lourd, métallique
Des pas qu'j'ne connais pas
S'avancent, s'approchent de moi

Ces pas couvrent ma voix, mes cris
Je me sens si vulnérable
Que viennent faire ces pas ici
Dans ma maison d'Allemagne
J'sais pas quoi faire, j'réfléchis – Quand
J'entend sa voix douce et grave

Les grincements, les craquements
Toujours là, mais j'les entends pas
Obnubilée par cette nouvelle voix
Qui donc derrière ma porte m'attend
Je ne comprend pas ses paroles – Quand
D'impatience il frappe sur le sol

Là il s'est arrêté
Devant ma porte fermée
J'suis fascinée et seule – Pendant
Que résonne l'mot « Jüden »

Plus de grincements, oh ça nan
Plus d'escaliers qui descendent ou montent – Seuls
Nos os craquent les uns contre les autres
Et seuls résonnent les cris des gens
Partis au-delà du camp, là-bas
Quand enfin Morphée m'prend dans ses bras

(Inspiré du Rapport de Brodeck de Philippe Claudel)