Juste comprendre
Juste comprendre
Le cœur battant à toute vitesse, prêt à sortir de sa poitrine. Les mains moites comme après un premier baiser. Les yeux fermés et le souffle court. Mike était seul, debout au milieu de cette grande scène obscure. Devant lui, une trentaine de tête le fixait.
Ses mains tremblaient tellement, la peur était présente, impossible à contrôler. Tel un lion prêt à briser sa cage de verre. Le jeune lycéen avait toujours peur de laisser le lion sortir et tuer chaque espoir de son monde.
Mike avait peur de la peur elle-même.
Une peur qui vous sautait au cou, vous donnait l'impression de mourir à petit feu, dans la souffrance et la solitude.
Les yeux du jeune homme s’ouvrirent, fixant avec neutralité chaque personne en face de lui. Ces êtres de chair était pour Mike une épreuve à surmonter.
Il était dans l'angoisse.
Depuis son plus jeune âge, Mike angoissait, pour tout et rien. Il lui était impossible de ne pas angoisser. Cela faisait partie de lui. Et cela avait continué au le lycée.
Et personne ne peut changer cela
Les tremblements de ses membres reprenaient de plus belle, avec plus d'insistance. Le paralysant encore plus. Maintenant, ses yeux ne reflétaient plus que de l’angoisse pure et dure.
Le démon avait encore gagné
Son souffle se fit plus rare, ses yeux devinrent humides. Les larmes voulaient couler.
Un vertige le prit, mais impossible de bouger.
Sa peau le démangeait énormément, il voulait se la frotter jusqu'au sang. Non. Le démon voulait voir son sang.
Une crise d’angoisse.
Ce n'était ni le lieu, ni le moment d’en faire une, le lycéen le savait. Mais il était impossible pour lui de faire autrement. Et le savoir l'angoissait encore plus.
C’était le cercle vicieux de l’angoisse.
Il voulait partir, quitter cette salle de classe et fuir le plus loin possible, à l'abri du monstre qui vivait en lui.
Mais il ne pouvait pas.
Il n'était pas maître de sa vie.
C'est elle qui décidait de chacun de ses pas.
Mike n'était qu’une marionnette.
Un pas en arrière, ses yeux fuyaient.
Il ne pouvait et ne voulait pas.
Un souffle inexistant.
L’angoisse avait réussi à le briser.
Le regard affolé, Mike respirait à peine, il n’avait plus conscience de rien. Il n'était plus lui-même, l’angoisse lui avait pris sa partie humaine, la déchiquetant cruellement.
Il n'était plus qu’un lapin affolé.
Cependant, il lui était impossible de fuir, ses jambes étaient collées au sol glacé. Mike ne le remarqua pas, pour lui le monde allait trop vite, son corps allait trop vite. Il n’avait plus confiance en rien. Il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Il était dans son monde.
Le monde de l’angoisse
Dans quelques minutes, il allait devoir prendre la parole devant ces êtres critiquant chacun de ses mouvement. Mike était paniqué, terrorisé, torturé. Alors que cela ne devait pas se passer comme cela.
Il devait justement se délivrer aujourd'hui, et non s'enfermer.
Le jeune homme devait montrer à ses camarades tout le travail qu’il avait fait depuis le début de l’année. En exprimant de vive voix son opinion, son ressenti. Il voulait montrer à tous qu’il avait grandi et réussi à combattre sa faiblesse.
Foutaise
La seule chose qu’il avait réussi à faire était de se laisser glisser un peu plus dans le monde obscur. Il n’était pas capable de la combattre. Il n’avait pas la force de faire face.
Et aujourd'hui, c’est cela que ses camarades allaient voir. De la faiblesse. Ils allaient le traiter de faible, rire de lui.
Les larmes coulaient abondamment sur les joues rougies de Mike, il ne sentait plus rien à part la douleur. Pourquoi rester en vie quand, constamment, un démon vous suit, vous détruit, vous déchire.
Il suffoquait, paniquait, regardant avec insistance toute la classe à la recherche de quelque chose qui puisse l’aider. Ou quelqu'un, juste pour l’aider.
Mike voulait être serré dans des bras jusqu'à se faire broyer les os, il voulait que l’on lui tende la main, qu’on l’aime.
Il voulait que la douleur soit remplacée par une personne qui le comprenne.
Il voulait juste qu’on le comprenne pour que son démon disparaisse.
Mais personne n'était présent, il était seul et c’était lui qui avait déclenché cela. C'était lui le maître de son démon, c'était lui et seulement lui qui avait lâché le mal, c'était lui qui se déchirait, se tuait à petit feu. Tout ça étaitde sa faute.
Juste sa faute
Une toux puissante le prit à la gorge, le faisant se recroqueviller sur lui-même. Le sol de la classe était froid, très froid. Jettant le jeune chanteur un peu plus dans la noirceur.
Il lui était impossible de se calmer, de redevenir maître de son corps. Les larmes coulaient en abondance, le privant d’une vue claire. Sa gorge le faisait tellement souffrir, son corps le faisait tellement souffrir, mais il lui était impossible de crier, son hurlement restait au fond de sa gorge lui bloquant la cage thoracique.
Il ne pouvait plus lutter, son corps et son esprit étaient trop fatigués et personne n'était là pour lui tendre la main, personne n'était là pour l’aimer.
Alors après un dernier regard paniqué pour ses camarades, Mike partit en courant, loin de cette salle, loin de ses cours, loin des moqueries mais surtout...
Loin de lui même