Désordre

Vous avez l'ordre, j'ai les idées
Vous avez réussi, j'aurais essayé.
Je ne suis que poussière
Dans un immense système solaire,
Mes rimes tiennent juste la route
Les vôtres ont du sens,
Les miennes se contredisent toutes,
Les vôtres ont autant de goût que les miennes sont rances
Cependant je connais la différence.
Votre rigueur vous tient lieu de valeur,
Pendant que j'ai mes valeurs pour seule rigueur.
Vous avez la forme
Quand moi j'ai le fond
Vous organisez ce que l'on vous dit de penser
Lorsque j'étale mes idées sans ordre ni phrasé.
Et quand vous croyez pouvoir penser
Je me rends compte que vous ne faites que recracher
Ce que l'on a voulu que vous appreniez.
Peut-être suis-je une espèce à part,
Qu'autrefois on appelait « rêveurs »
Mais elle est en voie d'extinction j'en ai bien peur...
Bien sûr, j'envie votre organisation,
Votre sens du sens si j'ose dire.
Je n'aurai jamais votre ordre,
Mais je reconnais qu'il me fait frémir
J'aime plus que tout me savoir en désordre.
Si je n'aurai jamais vos moyennes
Vous n'aurez jamais ma liberté
Et j'aime à savoir quelle place est la sienne.
Parfois je me prends à rêver,
Qu'un jour vous aussi vous vous réveillerez,
Et que de la torpeur dans laquelle on vous a plongés,
Vous saurez enfin vous étonner,
Ainsi que de voir quelles sont vos véritables pensées.
Je vous écris pour vous dire de rêver
D'arrêter de tout vouloir apprendre par cœur
Et de laisser votre esprit dériver
De faire de vos idées un champ de fleurs
Prêtes à être rassemblées en de magnifiques bouquets,
Où le sens n'a pas toujours d'importance
Mais où originalité rime avec délivrance

Bout de ficelle